J’ai avalé mon histoire comme j’ai mangé la tienne, Poète, Sculpteur ou Peintre d’éternité au présent… Quel repas, dis-tu, avons-nous partagé ? À quand, et avec qui , le prochain ? On verra... On lira ... | Marie-Thérèse PEYRIN - Janvier 2015
ETATS DES YEUX | Octobre 2022 | Lettre à Sabine HUYNH | à propos de son livre ELVIS À LA RADIO
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TIERS LIVRE ATELIER FRANCOIS BONTIERS LIVRE ATELIERS  François Bon

 

L’ENTAME DES JOURS [ chantier ]



"Recherchant des preuves de la réalité

dans la réalité”

 

Nathalie Quintane

 

# 01   23.03.08

RECONSTITUTIONS

André VOLAND

Portrait 1 : Garçonnet un an  – yeux en amande – se tient au barreau vertical d’une chaise de photographe – sage – sans doute étonné – grand-mère maternelle a payé les deux clichés – enfant chéri – elle préférait le garçon à sa  sœur – elle n’aimait pas sa fille … – Mauvaise ! disait ma mère.

André et Grand-Mère Maternelle

 

Je le tiens mon personnage, il est réel mais inaccessible – il pourrait être en vie ou sur le point de quitter la vie – une vie bien remplie – Mais on lui a volé sa vie.

Je fais partie à présent des femmes à tristesse profonde – un héritage  – une mission –  un devoir de mémoire.

Les récits maternels – la légende lacunaire – l’obsession – l’inguérissable perte – le non-pardon – la colère – d’autres malheurs encore avant et après – ça n’en finit pas …

Parti en 1941 au STO – Une seule lettre envoyée à son père, sa soeur et une autre à sa fiancée. Deux tentatives d’évasion. Repris et déporté à Dachau – Atteint du Typhus – Admis à l’infirmerie. Serait déclaré mort en 1945 au moment de la Libération du Camp – Transporté dans un Hôpital Américain ( où ?). Un Abbé Déporté-Volontaire a attesté qu’il lui avait fermé les yeux. Le Ministère des Armées accorde la mention “Mort pour la France” après bien des tergiversations administratives – Aucune précision sur les conditions d’inhumation.

On peut toujours gratter la terre en vain – les preuves verbales ont disparu – la mémoire n’est qu’archives à numéros –  presque  anonymes – des bribes dans la grande Histoire – des lettres perdues ou jaunies – des documents chétifs qui se désagrègent – André n’a pas de sépulture là où il est mort – Le lieu exact est incertain – Sa mère de naissance n’a pas eu de tombe non plus – Lui, juste une plaque que sa sœur a fait graver sur la tombe de son père et de sa belle-mère. Mort à Dachau. Il a fallu attendre 1951 pour avoir confirmation d’une date de mort certifiée (sans garantie).

Je n’ai pas encore eu le courage d’aller au Musée d’Histoire de Lyon pour consulter les archives disponibles. https://www.chrd.lyon.fr/.

 

 

“Car un homme dont une personne au moins autre que lui-même peut certifier l’existence ne disparaît pas sans donner une explication à sa disparition, pense cette personne”

 

Nathalie Quintane

 

Les Parents
Les médailles du Père avant son mariage en 1920
Prisonniers photographiés en captivité sans leurs galons
Soldats Tr
Travailleurs 14-18

 

Il ne faudra pas y retourner par quatre chemins – une seule ligne de train – un passage de frontière –  un exil – une captivité – une rude soumission  sous garde armée – regards fuyants ou hostiles. L’enfer sur terre. Le reconstituer ?

Inventorier les choses sûres :  date de naissance- 7 Juillet 1921 à 9h45 – lieu de naissance Fareins dans l’Ain  au Château de Fléchères où parents employés : lui Régisseur Jardinier, elle  Couturière-Tuberculeuse – Orphelin de mère en 1933 – Une petite sœur qu’il appelle Monette – Solidarité – Remariage paternel 1938  – Un homme ne peut pas rester  seul – Mariage arrangé – Une Italienne née à Bergame, couturière elle aussi – Vie ouvrière et campagnarde jusqu’à la réquisition – tentative avortée d’y échapper –  voulait partir en Angleterre – se déplace à vélo – dénonciation du co-locataire de chambrée   – arrestation sur le lieu de travail  – départ immédiat  – aucune valise. Présence du père alerté par Patron, de la  sœur (unique), de la fiancée et de la cousine à la Gare des B . – dernières paroles criées dans la foule -Police française Pétainiste à la manœuvre – Ne se retourne pas : « Ne m’enlevez pas mon courage ! »

Avec la mise en place du STO, le recrutement, de catégoriel, se fait désormais par classes d’âge entières. Les jeunes gens nés entre 1920 et 1922, c’est-à-dire ceux des classes « 1940 », « 1941 » et « 1942 » ont l’obligation de partir travailler en Allemagne (ou en France), s’agissant d’un substitut au service militaire. La jeunesse, dans son ensemble, devient la cible du STO. La classe « 1942 » est la plus touchée et les exemptions ou sursis initialement promis aux agriculteurs ou aux étudiants disparaissent dès juin. Théoriquement, les jeunes femmes sont aussi concernées mais, par peur des réactions de la population et de l’Église, hormis quelques cas individuels, elles ne sont pas touchées par le STO

 

Respirer un bon coup – Pleurer sur les photos en noir et blanc – si peu nombreuses – ravaler les larmes et la rage – serrer les poings – ne jamais oublier.

 

Adolescence Apprenti Menuisier Ebeniste
Dans les Vignes Beaujolaises
Premier Costume du Dimanche
FRANGIN FRANGINE André Simone VOLAND 001
Frangin Frangine
André et Aimée Fiançailles

 

Il ne faudra pas y retourner par quatre chemins – une seule ligne de train – un passage de frontière –  un exil – une captivité – une rude soumission  sous garde armée – regards fuyants ou hostiles. L’enfer sur terre. Le reconstituer ?

Inventorier les choses sûres :  date de naissance- 7 Juillet 1921 à 9h45 – lieu de naissance Fareins dans l’Ain  au Château de Fléchères où parents employés : lui Régisseur Jardinier, elle  Couturière-Tuberculeuse – Orphelin de mère en 1933 – Une petite sœur qu’il appelle Monette – Solidarité – Remariage paternel 1938  – Un homme ne peut pas rester  seul – Mariage arrangé – Une Italienne – Vie ouvrière et campagnarde jusqu’à la réquisition – tentative avortée d’y échapper –  se déplace à vélo – dénonciation du co-locataire   – arrestation sur le lieu de travail  – départ immédiat  – aucune valise. Présence du père alerté par Patron, de la  sœur (unique), de la fiancée et de la cousine à la Gare des B . – dernières paroles criées dans la foule -Police française Pétainiste à la manœuvre – Ne se retourne pas : « Ne m’enlevez pas mon courage ! »

Avec la mise en place du STO, le recrutement, de catégoriel, se fait désormais par classes d’âge entières. Les jeunes gens nés entre 1920 et 1922, c’est-à-dire ceux des classes « 1940 », « 1941 » et « 1942 » ont l’obligation de partir travailler en Allemagne (ou en France), s’agissant d’un substitut au service militaire. La jeunesse, dans son ensemble, devient la cible du STO. La classe « 1942 » est la plus touchée et les exemptions ou sursis initialement promis aux agriculteurs ou aux étudiants disparaissent dès juin. Théoriquement, les jeunes femmes sont aussi concernées mais, par peur des réactions de la population et de l’Église, hormis quelques cas individuels, elles ne sont pas touchées par le STO

Respirer un bon coup – Pleurer sur les photos en noir et blanc – si peu nombreuses – ravaler les larmes et la rage – serrer les poings – ne jamais oublier.

 

[ A suivre ]



 

 

 

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